jeudi 28 juillet 2016

Grand detour

Issue de divers groupes de la région du Var, Grand détour se veut instrumental, leur musique nous tranporte, nous envoute, nous projette dans des contrées féeriques.

Malheureusement, nous venons d’apprendre la fin du projet Grand Détour.. Quel dommage ! Un groupe qui va manquer dans le paysage musical français. Vincent (batterie) répond à nos questions.

1) La dernière fois que l’on s’est entretenu vous aviez sorti votre premier album du même nom. Aujourd’hui vous en êtes où avec Grand détour? 
V : En fait notre premier disque éponyme était plus une démo qu’un vrai album (ce qui nous a pas empêché de le sortir en différents formats), mais bref : depuis, on a sorti un deuxième disque, Tripalium, et on a pas mal joué en Europe, à savoir 3 tournées et quelques weekends par-ci par-là. Sinon, l’avenir du groupe est plutôt incertain étant donné que je pars vivre à Lyon en septembre prochain (décidément, t’arrives souvent à la fin de mes groupes haha !). On verra ce qu’il est possible de faire pour continuer à composer, mais impossible de se prononcer pour l’instant, tout ce que je sais c’est que mes acolytes vont continuer à jouer de la musique, que ce soit dans leurs autres formations actuelles ou dans de nouvelles. 


2) Le line-up a-t-il évolué ou c’est toujours le même, vous pouvez nous rappeler de qui se compose le groupe? 
V : Le line-up n’a pas bougé depuis le début, ceci dit ça fait que 4 ans qu’on existe : 
Guitare : Clément  
Guitare : Jérémie 
Basse : Pierre 
Batterie : Vincent 

3) Parlez nous de votre second lp «Tripalium (2015)»? 
V : Tripalium était un instrument de torture destiné à punir les esclaves récalcitrants durant l’antiquité romaine, c’est de cet instrument que vient le mot Travail dans notre langue. Il s’agit donc d’un disque sur le thème du travail, sur sa place dans notre civilisation et dans notre vie quotidienne.
C : On peut aussi dire que c’est pour ma part la première fois que j’ai enregistré un disque du samedi au samedi non stop – 10h par jour. C’était super intéressant mais aussi super éprouvant mentalement et physiquement sur la fin. Assez plaisant de pouvoir enfin prendre du temps pour penser et prendre un peu de temps pour faire tes prises. 

4) Certains médias vous qualifient de groupe «rare». En connaissez-vous la raison? 
V : Je sais pas, peut-être qu’on joue un style un peu bâtard pas évident à étiqueter, mais je pense qu’il existe plus de groupes bâtards que de groupes cantonnés à un style très précis, donc dans un sens on est plutôt commun. Sinon, je vois pas ce que ça peut être, on est un groupe tout ce qu’il y a de plus normal, on compose, on répète, on fait des concerts. 

5) Pourquoi avoir choisi l’instrumental, y a t-il une raison à cela? 
V : Ca n’a absolument rien de rationnel, je dirais qu’on a simplement zappé cet aspect et c’est devenu une habitude. On a essayé des trucs au début, puis ça s’est estompé progressivement et finalement chacun s’est concentré sur son instrument.  
C : On chantait presque tous dans nos formations précédentes, ou nos autres groupes, et on savait tous que gérer du chant, et être en tournée, peut vite être le pire moment de ta vie, surtout lorsque tu tombes malade, que t’as pas dormi, ou trop bu! Donc le fait de ne pas chanter dans ce groupe est un peu les vacances. On a juste à se concentrer sur nos instruments (et c’est déjà pas mal). Et puis c’est surtout par ce qu’on a pas réussi à trouvé ce qu’on voulait niveau chant, alors plutôt que de faire du «moyen», on a préféré ne rien faire. 

6) Quand je vous écoute j’ai l’impression de voyager, de m’évader. Est-ce que pour vous c’est le but de faire ressentir les émotions au travers de votre musique? 
V : Bien sûr, on espère que notre musique provoque quelque chose chez les gens qui l’écoutent, je pense que c’est une constante chez les groupes de musique. Dans ton cas c’est très positif et j’en suis content, donner l’impression de s’évader c’est toujours flatteur ! Mais on tire aucune ficelle pour amener les gens sur un chemin déterminé à l’avance, d’ailleurs on est nous-mêmes un peu paumés quand on compose, et le résultat final est libre de toute interprétation. Dans ce sens là, le fait de ne pas avoir de paroles aide surement à ressentir le truc sans être « parasité » par un message intelligible. 

7) J’imagine que vous avez des influences dans le groupe, diverses même, moi il y a deux groupes qui me viennent à l’esprit c’est un groupe Hollandais qui se nomme Kleg et Glen branca aussi. Connaissez-vous ces groupes et que pouvez-vous nous dire sur vos influences? 
V : Non je ne connaissais pas et je vais m’y pencher ! La dernière fois qu’on m’a demandé quelles étaient mes influences une réponse est sortie un peu toute seule : à mon avis, 90% de ce qui inspire les musiciens provient de choses dont ils ne sont même pas conscients. Pour les 10% restants, je vais être un peu caricatural et te parler des groupes dont les batteurs m’inspirent le plus, à savoir Kidcrash, Antarctic, et plus récemment Native. Ces trois groupes sont d’ailleurs excellents et je conseille vivement d’aller y jeter une oreille ! 

8) Vous avez effectués une tournée dans le grand nord américain. Comment s’est passée la tournée ? 
V : C’est con mais c’est un peu un rêve de gamin qui s’est réalisé, et je dois avouer que je suis parti avec une sacrée pression, notamment parce que ce continent possède une culture musicale colossale, et a en quelque sorte dicté les règles de la musique amplifiée telle qu’on la connait. C’est un peu comme vouloir apprendre un truc à son grand frère… Mais tout s’est super bien passé et on a eu de très bons retours du public, je m’attendais vraiment pas à ça ! Les américains et les canadiens sont très avenants et viennent en masse aux concerts, même en semaine. Les groupes avec lesquels on partageait la scène étaient impressionnants pour la plupart, avec une mention spéciale pour Edhochuli, groupe de Pittsburg avec lequel on tournait, et qui nous a donné une leçon de rock tous les soirs, en plus d’être des êtres humains exceptionnels. 
C : J’attendais pas grand-chose en fait, à part que j’étais super stressé par rapport aux douanes, et que tout se passe bien, niveau vans/matos/concerts/finances. Au final tout était super et on revient avec plein de souvenirs en tête. Les conditions ne sont pas les mêmes qu’en Europe, niveau dodo et bouffes post/pré concerts, mais ils ont plein de trucs en plus qu’on a pas: des concerts dans des endroits improbables, une mixité aux concerts, des changements de line-up efficaces, et sans phrases lourdes du type « je peux jouer sur ton ampli, j’ai oublié ma tête au local de repet? » … 


9) Pour un groupe c’est quand même une belle aventure de pouvoir tourner hors de chez soi? 
V :En effet, c’est vraiment une expérience et une chance uniques que je souhaite à tout le monde, surtout que c’est relativement facile aujourd’hui grâce à internet, enfin je dis ça mais c’est Clément qui gère tout avec une efficacité assez hallucinante... C’est génial de découvrir une nouvelle ville chaque jour, de voir les paysages changer, de goûter des spécialités locales, de rencontrer des gens, mais c’est aussi très frustrant car on aimerait avoir plus de temps pour en profiter. Je pense aussi que c’est une bonne chose d’aller voir ailleurs, de se désembourber un peu de la scène locale et de confronter sa musique à des publics différents, ça ne peut apporter que du bon ! 
C : C’est génial, et surtout de ne pas perdre d’argent c’est un autre luxe qui est super appréciable. Quand j’y pense, on vient tout de même de Toulon, et on a eu la chance d’aller jouer aussi loin, par nos propres moyens, sans tremplins, sans «vrai» labels, c’est extra! Comme le dit Vincent, c’est facile de tourner grace à Internet, mais d’aller sur un autre continent sans perdre d’argents, et en tournant dans de bonne conditions, surtout en Amérique, ça reste rare. Donc il faut croire qu’on a une bonne étoile :) 


detourgrand@gmail.com

Interview : Jean-louis
Photos : Webzine Chuul et DR

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