mardi 28 juin 2016

Drive Blind


J’ai découvert le groupe Drive blind en 1991 lors de la sortie de leur premier 45 t chez Black & noir. 4 gars venant du Sud (Montpellier/Nîmes), offraient deux titres endiablés, surpuissants, un groupe hors normes venait de naître. Drive Blind nous gratifiait de moments inoubliables lors de leurs concerts, c’était jovial, c'était la fête, on sortait tous le sourire aux lèvres. Rares sont les groupes qui puissent donner autant de plaisir en live. 20 après voilà que le label Head Rds sort l’inoubliable et magnifique album «Be à vegetable» en double vinyle. Rémi, Karine et Nico nous ont fait l’honneur de répondre à nos questions. 


Vous revoilà 20 après (en fait pour certains vous n’ êtes jamais partis avec votre page facebook), avec la sortie en vynile de l’album «Be a vegetable». Pouvez-vous nous retracer l’histoire du groupe de ces débuts à son arrêt ?
Avec Drive Blind on a commencé à répéter à Montpellier en 1990 durant nos années de Fac ! on s’était croisés lors de concerts, chez les disquaires et au sein du désormais mythique fanzine nîmois « les envahisseurs ».. On était tous de gros fans boulimiques de musique (rock indé, pop, noise, shoegaze, hardcore etc… ). On a rapidement enregistré une démo avec des compos de Pierre Viguier (Guitare,Chant) et fait pas mal de concerts dans le coin et assez rapidement partout en France grace aux contacts liés par l’intermédiaire du Fanzine que Pierre avait créé avec un pote de la fac, Fred qui est devenu « manager » et a beaucoup contribué au développement du groupe. 
Le line up avait pas mal bougé au tout début du groupe mais s’est rapidement stabilisé avec Jean David Rouah à la batterie et Jacques Olivier Leroy à la basse arrivé en remplacement de Matthieu Valette le bassiste initial, après que nous ayons sorti un premier single sur Black et Noir records (le label d’Angers crée par la bande des THUGS) . 
Avec cette première mouture du groupe nous avons tourné intensément et eu l’occasion d’enregistrer plusieurs disques pour des labels indus français majeurs de cette scène ! Pandemonium records le label de Philippe Petit (Marseille) a sorti « Stop Thinking Start Fighting » CD 6 titres enregistré avec le guitariste Kent Steedman à la console ! Nous avons ensuite sorti « Supereasy » un 10 titres sur Black et Noir et « Tropical Motion Fever » sur Vicious Circle tous deux enregistrés au BLACK BOX studio de Iain Burgess (incroyable producteur, fantastique personne, hélas aujourd’hui disparu) et Peter Deimel. 
Le groupe a beaucoup joué et évolué dans ce que l’on pourrait appeler « la scène française indé 90’s » avec bon nombre de groupes, fanzines, assis de concerts etc… (Garlic Frog Diet, Portobello Bones, Skippies, Seven Hate, Condense, Burning Heads, Prohibition, Daily Planets, Belly Button, Sloy, Well Spotted, etc etc etc..) 
Le son du groupe s’est durci au fur et à mesure des années et a même entrainé un changement au sein de l’équipe, Jacques Olivier et Jean David ont laissé la place à Karine Auzier à la basse  et Nicolas Gromoff à la batterie, avec qui Pierre avait fondé un trio noise hardcore TANTRUM.. Une espèce d’évolution en douceur, de page tournée vers un nouveau son. On a gardé de forts liens avec Jack et Jd depuis, qui ont embrayé dans de super groupes de leur coté notamment Kevin K pour Jack et les incroyables ATOMIC SUPLEX (signés sur Crypt Records) pour JD. La page Facebook de Drive Blind a par exemple été créé abondamment alimenté par JD, nous sommes en contact assez fréquent et restons « fans » de cette époque Drive Bind :D ! 
Avec le second line up nous avons continué les tournées de manière assez intense et bossé sur l’album « Be a Vegetable » enregistré au studio des forces motrices à Genève avec David Weber qui avait notamment produit Condense & The Young Gods et qui nous a vraiment apporté une intensité de travail et de son jamais connue avant ! 
Le groupe a explosé en plein vol après la sortie de l’album provoquant pas mal de casse et chacun est reparti de son coté après une experience vraiment intense et unique. 20 ans après la sortie du disque nous avions envie de tourner une page et rendre hommage à ce beau projet en l’éditant en vinyl ! Tout le groupe a collaboré à ce projet, une chouette manière de se retrouver tout simplement ! Head records a joué le jeu et permis d’écrire un super épilogue à une fin un peu précipitée ! 

Drive a été un groupe qui a marqué les esprits par son univers musical, sa simplicité, son ouverture d’esprit, etc... Comment ressentiez-vous les choses de votre côté avec les spectateurs ?
Rémi : Le plus agréable souvenir est l’enthousiasme et l’insouciance de tout le public et son investissement dans cette scène ! La majorité des gens qui venaient aux concerts étaient dans des groupes, labels, emissions de radios, assis de concerts etc… Je me souviens d’une grosse effervescence ! On a d’ailleurs rencontré à cette époque plein de gens qui sont devenus les groupes que l’on connait aujourd’hui comme Dyonisos, Mickey 3D etc...

à l’époque les groupes étaient prolifiques les cd sortaient à foison avec l’aide de labels, fanzines, radios,il y avait beaucoup d’entraides entre nous tous. Il y avait un peu d’insousciance aussi. Comment vous, le perceviez-vous à cette époque là?
Rémi : Drive Blind a pu exister et se développer grace à cette effervescence et à tous les contacts liés grace au fanzine, grace aux rencontres sur a route avec les radios indés, les groupes et assos qui organisaient ! On a toujours été très conscients de ça et cette forme de « réseau » dont nous faisions partie avant l’arrivée d’internet (:D !!!!) a forgé notre manière de réfléchir et développer nos projets musicaux pour toute la suite ! 

Vos concerts étaient toujours une fête, on partageait de bons moments, de bons délires (je me rappelle un concert à montpellier pour une asso où vous étiez déguisé, surtout Rémi en chien c’était quelque chose). On avait tous le sourire en sortant de vos concerts. Pour vous c’était important de partager ça avec le public?
Rémi: On partageait tous cette bonne humeur et surtout ce second degré par rapport au fait de jouer dans un groupe, tous les clichés habituels de l’artiste maudit ou du musicien tirant la gueule sur scène nous faisait marrer et on aime toujours en rire !!!! Il n’y a rien de pire de se prendre trop au sérieux dans un projet artistique quel qu’il soit ! Cela n’empêche pas de faire les choses sérieusement et de travailler à fond, mais il ne faut jamais oublier que c’est une joie et un plaisir de partager de la musique sur scène ou sur disque !!! 

Et cette phrase mythique au début des concerts «bonsoir on s’appelle Drive Blind on fait du heavy metal». Comment vous est venue cette idée, un clin d’oeil au thugs à l’époque ?
Rémi : C’était juste un pied de nez au coté grandiloquent et pompeux des groupes hard n Heavy de l’époque ! On arrivait avec nos fuzz crados et nos morceaux limites garage ! On était tout sauf Heavy Metal :D ! 

Drive blind a sorti 2 mini albums 6 titres et 1 albums ainsi qu’une dizaine de singles, K7, compils, covers sur divers labels. Vous pouvez nous dire ce que vous pensiez au jour d’aujourd’hui de vos productions?
Rémi : Chacun d’entre nous a ses petits favoris je pense ! Perso j’aime bien la globalité, je trouve qu’on sent bien l’évolution de toutes les influences de chacun au fil de l’avancement du groupe ! du tout début très indie pop, on entend un glissement vers une influence Mudhoney, Stooges avec l’époque Jd & Jack puis une influence US noise vers la fin du groupe, avec tout au long un goût pour une dimension pop dans les morceaux ! 

Vous avez pas mal tourné aussi, avez-vous des anecdotes à nous raconter?
Rémi : Les plus grosses rigolades sont certainement les souvenirs avec Garlic Frog Diet, Portobello Bones ou les Skippies avec qui on terminait toujours les soirées pliés en 4. L’un des plus gros souvenirs pour moi reste une date un peu loose ou Portobello Bones et Drive Blind avaient ouvert la soirée pour MUD le projet des frères Melvil et Yarol Poupard (qui officie maintenant aux cotés de Johnny).. à l’époque il y avait une espèce de petite condescendance des groupes parisiens à l’égard des ploucs de province comme nous et je me souviens que pas mal de groupes se prenaient quand même au sérieux.. Du coup après les concerts de Portobello et Drive Blind on s’est emballés et on a commencé à faire des solos de Breakdance sur la pratos de batterie pendant le show trèsè sérieux et appliqué de MUD, c’était très con mais on avait beaucoup ri. 
karine: il y a en aurait trop !!!!!

Qu’on fait les membres de Drive Blind après la séparation du groupe ? On vous a vu les uns et les autres dans différents très bons groupes, vous pouvez nous en dire plus ?
Karine: Avec ma soeur Anouk, nous avons sorti deux Cd, un sous le nom de Rose’N’Roll puis sous notre propre nom.

Parlez nous de la sortie de «Be a vegetable» 20 après sa sortie. Comment a été prise la décision, et la connexion avec Abel du label Head records ?
Abel fait partie de la « génération après Drive Blind » :D ! il a commencé à écouter du rock indé en empruntant le premier CD d’un pote et c’etait…… un disque de rive Blind !!! Après il a embrayé avec le groupe SPINNING HEADS, uis le label HEAD Records ! ça avait un vrai sens de faire ce projet de reedition avec lui !

Il y a des bonus sur cette réedition ?
Karine: oui un morceau inédit et le fameux Wreecking qui n’était sorti à l’époque uniquement sur un cd promo....

Pour moi c’est le disque le plus abouti, moins pop beaucoup plus sombre aussi. Un univers  à la fois étrange et jovial. Est-ce le reflet de la personalité de chacun qui a été retranscrite ?
Karine: Effectivement il y a un peu de chacun car celui qui chante écrit son morceau donc du coup il y a différentes ambiances, différentes atmosphères. 
Nico : Je pense que c’est plus le reflet d’une entité, créé certes par la personnalité musicale de chacun, mais parlons d’entité, plutôt. Quand tu changes de section rythmique, il faut t’attendre à quelque chose de différent, le groupe devient différent. Il y a un changement de couleur, de dynamique, de texture. C’est instinctif, non réfléchie, c’est juste comme ça.. Les nouvelles compos étaient donc en phase avec ces changements. Jamais Karine et moi n’aurions pu jouer comme Jack et JD. Moi, je suis très «au fond du temps» comparé à JD qui joue «devant». Cette lourdeur permets un champ d’action plus large, des prises de risque plus importantes, et surtout implique automatiquement des modifications harmoniques  qui« noircissent »  l’ensemble, ou l’ « assombrissent », puisque c’est le terme que tu emplois. Mais c’était instinctif, on avait pas de discussion sur le sujet du style «tiens je verrais bien une progression de ce type, ou mets moi une gamme de bartok la dessus..» ou des conneries de ce genre !!!. Ce qu’on faisait était cohérent, ou ne l’était pas. Mais on essayait plein de trucs, on n’était pas figé sur des règles. Cet album s’est construit pas à pas, et en même temps extrêmement vite parce qu’on travaillait sans arrêt… Ça a permis de préserver quelque chose de frais, de spontané…Là ou beaucoup voit un album très mature, je vois avant tout un album de gamins qui osent tout sans retenue, qui valident ensemble leur coup de folie et qui s’interdisent de revenir en arrière pour faire 50 modifications... et c’est pour ça que cet album est riche, parce qu’ il n’y a pas de barrière… La nouvelle entité Drive Blind était un terrain de jeu formidable où, au-delà de la personnalité, ce sont les « points de vue » de chacun, qui ont pu s’exprimer, dans le but de servir la musique, et uniquement la musique... et pour servir la musique, Il faut anéantir toute forme d’égo. T’es pas tout seul, t’es quatre !! Et ce très cher David Weber s’est chargé de nous le rappeler, fais moi confiance !!!

Vous avez travailler avec differents producteurs pour vos albums, comment s’est passée la relation avec chacun d’entre eux par rapport au travail effectué ?
Karine: J’ai eu la chance de bosser avec Iain (Burgess) pour Tantrum et ça reste un souvenir très fort, quelqu’un de très humain, très drôle et avec qui tu fais du super boulot.
Avec David Weber pour Be A Vegetable, la rigueur, l’exigence et un résultat impeccable...c’était parfois assez dur pour les prises, mais je lui dois des parties de basses au top !!!! 

La question que l’on se pose tous, c’est est-ce qu’une reformation est envisageable ?
Karine: je ne pense pas ....

Quelque chose à rajouter ?
Karine: merci Abel pour cette chouette initiative et merci à vous toutes et tous !





Membres: Early 1991: Pierre: Guitar + vox, Remi: Guitar + BV’s, Mathieu: Bass + BV’s, JDK - Drums 1991-1994: Pierre: Guitar + vox, Remi: Guitar + BV’s, Jack: Bass + BV’s, JDK - Drums 1994-1996: Pierre: Guitar + vox, Remi: Guitar + BV’s, Karine: Bass + BV’s, Nicolas: Drums

Interview : Jean-Louis
Photos : DR

Merci à Abel du label Heads records de nous avoir permis de réaliser cette interview.

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