Installer à Montpellier depuis 2003, nous avons interviewé Abel le boss, qui nous raconte la création de son association de son label éclectique Head Records et de ses projets à venir.
1) Comment est né Head records et quel était le but au départ de sa création ?
L’association Head Records est née en 2003 pour organiser des concerts à Montpellier. Je venais d’arriver dans la ville. Il ne se passait rien à mon goût niveau concert. J’étais disquaire à l’époque c’était facile et un ami, Steph, m’a beaucoup aidé à l’époque à tous les deux on a fait plein de bons concerts, ça nous a galvanisé pour surmonter les moments difficiles. Ce n’est qu’en 2006 que j’ai ouvert la partie label de Head Records pour produire le premier disque de Goodbye Diana (math rock – Montpellier). Je m’étais engagé à leur trouver un label. Je l’ai pas trouvé alors j’en ai monté un.
2) Qui sont les membres du label et que font-ils au sein de la structure ?
Aujourd’hui nous sommes trois salariés chez Head Records. Je suis directeur artistique et programmateur. Ludivine fait tourner les groupes et travaille sur la communication des concerts locaux. Florian s’occupe de la vente des disques et de gérer les sites marchants car on fait aussi de la vente par correspondance.
3) J’imagine que tu avais des références parmis d’autre labels, lesquels et qu’est-ce qu’elles t’ont apporté ?
Quand j’étais disquaire, j’ai rencontré Fred de Basement Apes Industries, un label d’Alès dans le Gard. A l’époque il a co-produit avec Radar Swarm (label de Johan de Year Of No Light) l’album de mon groupe Spinning Heads. Ensemble on a pas mal travaillé sur la façon d’imaginer le travail d’un label, vu qu’on était musiciens, qu’on faisait nous même le rapport presse, que j’étais disquaire et qu’on voulait monter un label, on a pas mal philosophé sur la question. Puis il a continué BAI et j’ai monté Head Records car il ne voulait pas sortir Goodbye Diana. A l’époque mes labels références étaient Touch & Go, Skingraft. Ensuite Hydra Head. Aujourd’hui Relpase ont un force de frappe impressionnante. Mais je regarde toujours comment travaille Sargent House, Temporary Residence, Southern Lord …
Et puis à l’époque j’ai pas mal bourlingué avec Tantrum et Pierre Viguier/ Il jouait dans Drive Blind avant, il gérait lui-même son label d’auto-production, Supine Records. Il m’a appris quelques petits trucs.
4) Ton label ne se cantonne pas seulement a un style de musique puisqu’on retrouve sur Head records des groupes d’horizons musicaux différents ?
Je marche au coup de cœur. Alors quand je contacte Microfilm pour sortir leur album de post rock instrumental, je le fais de la même façon que quand je contacte les gars de Verdun pour leur dire que je veux sortir leur album de doom métal.
5) Comment se passe le choix des groupes, comment les repères-tu et que faut-il qu’ils fassent pour être sur ton label ?
J’ai avant tout besoin de tomber amoureux de la musique du groupe. Ensuite j’ai également besoin de savoir que le groupe est capable de partir tourner. Sans tournée au moins au niveau ou j’en suis, pas de vente de disque, pas de promo, pas d’article. Rien.
6) Head rds organise aussi des concerts, comment gères-tu les deux structures ?
En fait j’ai plein de casquettes. Je travaille avec le super bar concert du centre-ville de Montpellier The Black Sheep pour leur communication et leur programmation. Mais je suis aussi administrateur de deux asso liées au jazz et aux musiques improvisées. Et puis je gère Head Records. C’est mon travail en fait, c’est avec ça que je paye les factures depuis plusieurs années. C’est toujours beaucoup de travail, souvent mal payé mais je crois que malgré les moments difficiles, je ne changerais rien. Je continuerais à travailler 70 heures par semaine !
7) Pensais-tu, en créant le label que 10 après tu en serais encore là ?
En montant le label, je pensais pas à ça. Je faisais les choses au jour le jour, sans vraiment imaginer l’avenir. C ’est maintenant que je suis obligé de penser à l’avenir. Je dois monter les projets un an avant pratiquement. Alors aujourd’hui, autant te dire que dans 10 ans, je serais encore là !
8) Arrives-tu à en vivre ?
Comme je disais, c’est pas Head Records qui me fait vivre mais plutôt la somme de toutes les choses que je fais : labels, concerts, tournée, vente par correspondance, aide aux projets, conseil, soutient, pressages de disques …
9) Est-ce que pour toi les réseaux sociaux sont une bonne façon de pouvoir divulguer tes news, etc... Comment faut-il se démarquer pour se faire connaître ?
Quand j’ai commencé la musique en 1995, j’envoyais des K7 démo. J’ai vu les choses évoluer. On voit la presse papier disparaitre, remplacée d’abord par les sites internet et les forums, puis aujourd’hui par les réseaux sociaux. Pour exister il faut toujours être présent, et faire le plus de buzz possible. C’est pas mieux, c’est pas moins bien, c’est différent. Il faut juste savoir lever la tête pour comprendre assimiler et travailler en conséquence.
10) Tu as reçu en novembre dernier le prix de l’entrepreneur de spectacles 2015 en Languedoc-Roussillon, prix organisé en partenariat avec la Région et le CNV. Que représente pour toi cette récompense ?
Cette récompense c’est comme si le jury m’avait dit : ‘’ Bravo mec ! On a compris que tu te défonces depuis 10 ans pour faire vivre en région une vision de la musique, ta vision de la musique. Continu ! Tu défonces ! ‘’ Ou un truc dans le style …
11) Tu viens de sortir «Be a végétable « du groupe Drive blind. Tout d’abord pourquoi ce cd et que représente ce groupe qui fût dans les années 90 un groupe hors norme qui nous a tous marqués ?
Pas un CD ! Un vinyle ! Un double même !
Quand ce disque est sorti je connais Drive Blind depuis 1994 et leur mini CD Stop Thinking Start Thinking. Plus qu’un EP, ce titre sonnait comme une philosophie de vie. Quand Be A Vegetable est sorti, j’avais 20 ans, il a bousculé beaucoup de frontière. Par la suite j’ai pas mal tourné avec Tantrum, l’autre groupe de Pierre, co-fondateur de Drive Blind. Je me sens proche de ces gars, de cette scène. J’ai toujours eu l’impression que ces mecs étaient mes grands frères et qu’en même temps on construisait des trucs ensemble. Jean-Michel, Pierre, Ben de Tantrum. Mais aussi Bilou, Mimi, Arnaud de Beamtrap. C’est mes pots, ma famille !
En 2016, Be A Vegetable à 20 ans. Vu la place que j’ai aujourd’hui en étant patron de label, je me devais de rendre hommage à ce chef d’œuvre en lui offrant sa place sur un vinyle. Il n’était jamais sorti sur ce format … et puis en 2015, Karine et Rémi bassiste et guitariste de Drive Blind, des gens que finalement je connaissais a peine, sont venu habiter à Montpellier. C’était le déclic au tour d’une bière au Black Sheep, un soir, j’ai dit à Rémi que je souhaitais sortir le disque en vinyle. Il m’a répondu qu’il n’attendait que ça ! Le deal était conclu !
12) Tes projets et un dernier mot pour nos lecteurs ?
Je suis en train de sortir le monumental et dernier album du groupe de doom métal de Montpellier : Verdun. Je vous le conseille, un magnifique mélange de torture mental, de post hardcore et de doom mélodique. Je travaille également sur la sortie d’un repressage pour le groupe de noise rock de Montpellier Marvin, leur dernier album barry était épuisé depuis quelques années. On va vite réparer cette erreur. Et puis en plus du Drive Blind, on travaille sur la sortie d’un album pour un groupe de Nantes : Classe Mannequin pour septembre. Un super mélange de pop indé et de math rock. Un côté anglais intelligeant et une finesse d’écriture remarquable. Sans oublier un 45 tours de trois titres pour le groupe punk hardcore new school parisien H.O.Z. pour octobre. Et puis on va finir notre saison de concert avec ZU, Minsk, Kowloon Walled City, Kikagaku Moyo, Cobra … Et puis on va préparer la rentrée au Black Sheep et faire plein d’autres trucs qu’on imagine pas encore chez Head Records … à cause de ma boulimie de travail, Flo et Ludivine ne se font jamais chier ! Hein les amis !?
Merci pour la tribune que tu m’offres là !
Bonne continuation !
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Interview : Jean-Louis
Photos : Julie Rodriguez, RA2, J.M. Jimenez et DR
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