vendredi 25 avril 2014

Le fanzine Cafzic fête ses 17 ans d'activités


Gros plan sur le fanzine Cafzic de Mont-de-Marsan qui fête cette année ses 17 ans. 
Le fanzine CAFZIC est un fanzine papier ROCK & BD créé à Mont-de-Marsan
 en octobre 1996. 3 numéros gratuits paraissent chaque année. 
Yan le fondateur nous raconte son histoire passionnante.

1) Tu fêtes les 17 ans de ton fanzine cafzic, peux-tu nous en retracer les débuts ?
Tout d’abord merci Jean Louis de prêter attention aux activités du zine CAFZIC. Comme j’aime à le répéter, l’échange, le partage, l’intérêt pour les autres, pour l’humain, pour le fameux investissement« Do it yourself » est la raison d’exister de notre zine donc c’est toujours un frisson qui me parcourt l’échine ! ! !
1996, déjà un an de bénévolat au Cafémusic de Mont de Marsan, 2-3 concerts par mois au backline, plein de rencontres, la découverte de groupes, de zines, l’envie de faire une émission radio, « et pourquoi pas moi ? ». Finalement l’émission radio ne peut se faire comme j’avais pu l’ébaucher en 87 déjà… Je tente donc un zine. 1ère sortie le 30 octobre 1996, suite à une interview de Louis Bertignac, début du système démerde, photocopieuse du Cafémusic, qui d’ailleurs payera sans doute mon excès de copie, ça chauffe ça chauffe ! De concert en concert, je rencontre, je discute, sans aucune maîtrise du truc, je patine. J’intercepte des infos, je lis de plus en plus de zines. C’est la grande époque du fax, du téléphone, la timidité faut bien vivre avec, toujours cette petite trouille avant d’interviewer, de demander simplement l’autorisation de discuter. De fil en aiguille changement de format, un peu plus de pages, plus d’assurance, apparition d’illustrateurs, place prépondérante de l’un d’entre eux, La Mousse. La Mousse c’est mon « employé » depuis si longtemps, le seul homme sur terre à m’appeler patron. Les interviews se font en direct, ce sont les débuts du mail aussi, les zicos rechignent un peu à la tâche, « internet ce n’est pas bien » disent-ils, ils n’ont aucune idée des futur Facebook, etc... Je me déplace sur quelques concerts, on fait des interviews aussi pour moi, des gens en lien avec le Cafémusic, des connaissances. Les choses progressent, la vitesse de croisière apparait, de plus en plus d’illustrateurs, je lance des appels et ça répond. Je comprends la notion de réseau, je ne la maîtrise pas encore. Je saisis que la base du système c’est moi, je vais coordonner tout ça. Pour faire tourner la boutique il me faudra toujours faire preuve de passion mais pas que, il faudra aussi de la persévérance, de la ténacité. C’est à moi d’aller vers les autres, ne surtout pas attendre, il y a de bons musiciens, de bons zines, de bons labels partout, je ne suis pas seul. Nous sommes disséminés mais la colonie de vacances propose plein d’activités je ne vais pas me contenter des miettes laissées par les plus grands, les plus gros, je veux ma part de gâteau dans cette histoire. Je mêle mes études d’infirmier avec tout ça, je passerais d’ailleurs des heures parfois à retranscrire des chroniques, des interviews au fond de la classe arf faut pas le dire. J’ai quand même mon diplôme d’infirmier avant d’avoir celui de fanzineur. Pour le zine c’est une longue évolution, petit à petit on construit, les gens passent, personne ne trépasse, les illustrations prennent plus de place et deviennent le ciment du zine, le liant, elles m’ouvrent des portes, me font rencontrer des gens différents. L’’aventure est lancée et je n’aurais de cesse de toujours prolonger les mêmes principes, je le répète, le partage et l’intérêt pour la cause humaine, l’investissement de tous. On me demandait encore ce matin« comment as-tu connu notre groupe ? »… « ben c’est tout simple, j’ai lu un flyer, j’ai noté, j’ai écouté, je me suis dit pourquoi pas…en une heure avec ce principe j’ai découvert 7-8 groupes, j’ai envoyé des mails, 3-4 m’ont répondu dans la journée, des fois je fais des erreurs mais c’est si rare ! ! ! Après j’entretiendrais tout ça…internet c’est à ça que ça doit servir.

2) Qu’est-ce qui t’as motivé à faire un fanzine ?
Ben merde je crois que j’ai déjà répondu avant d’une certaine manière ! ! ! Je préciserais qu’avec mes parents, j’ai découvert tout ces principes d’une autre manière mais est-ce si différent ? Mon père a toujours été très investi dans la cause politique, maintenant elle est associative et antiraciste, il a été présent dans de nombreux combats. Ma mère pendant longtemps a épousé la cause des parents d’élèves et n’est jamais loin de mon père. Et puis les voyages avec eux ça forme aussi l’esprit, la découvrir le monde et ses habitants un peu partout…ne jamais attendre que ça bouge chez les autres, le faire soi-même. Moi je n’ai pas surinvesti la cause politique, ça c’est plutôt mon frangin mais l’intérêt pour la différence, les particularités de chacun, le respect du travail de l’autre ça c’est familial c’est certain et le zine ne pouvait se créer que dans ce contexte même si à la base je suis aussi et surtout un gros fan de zique avant tout, un vrai mange disque… 

3) Tu es quand même un des derniers dinosaures du fanzina. 
Comment fais-tu pour survivre à cette longévité ?
D’évidence on évoquera deux raisons. La première est le soutien contre vent et marées assuré par le Cafémusic de Mont de Marsan, il est financier et parfois logistique. C’est aussi évident que je ne suis pas plus con que la moyenne, je sais quelles sont leurs limites, à partir de quand je risque de pousser le bouchon un peu trop loin, etc... Moi un manipulateur ? Non je ne pense pas, simplement j’ai toujours et encore le plus profond des respects pour le travail des autres et puis je marche au plaisir, à la discussion pas à l’égo je ne prends pas pour un programmateur, je ne me prends pas pour Dieu. Je fais ma part des choses comme d’autres, nous sommes tous des éléments d’un système, pas le système, restons modestes mais bon là je m’éloigne...
La deuxième raison de la longévité c’est la suite de ce que je viens de dire, si je manage tout ça avec passion évidemment, la longévité est aussi une chose qui me fait triper, voir Didier Duyats encore dans l’aventure, Chester, E.T., La Mousse et consorts c’est énorme ! 
Ensuite il y a les rencontres, les rencontres et encore les rencontres, il faut s’en nourrir pour garder l’envie et puis merde dans tout ça il y a une forme de lutte, lutter contre la merde musicale, lutter pour exister, lutter pour faire exister. Etre passif c’est mourir et je pense qu’on peut être mort même vivant, plein de gens sont comme ça autour de nous c’est terrible ! ! !

4) D’après toi pourquoi les fanzines sont-ils éphémères, car par le passé les zines sortaient à la vitesse de la lumière, c’était une période prolifique ?
Pour pouvoir persévérer en format papier il faut de l’argent donc là j’ai un avantage sur les autres le Cafémusic. Après attention des fois je fais aussi appel aux pubs parce que je n’ai jamais assez même en minimisant les coûts. 
Pour la persévérance, je reste persuadé quand même que c’est un problème de génération. Les jeunes de maintenant qui ne sont pas forcément plus cons que nous se limitent souvent au plus simple, voir au vide, peu d’engagement, il y a peu d’envie et en plus elles sont souvent plus matérielles, c’est bête à dire mais c’est ça. 
Même si l’on n’a pas l’argent pour le papier, faire un site, un blog à priori ce n’est pas si compliqué. Bon après je préfère le papier c’est certain. J’aimerais tellement qu’il y en ait plus, un support hyper important parce que à la différence des webzines, les infos, les chroniques, les interviews ne sont pas noyées dans la masse, le net apporte une vision parcellaire des écrits, ticlic-ticlic... On
est peu nombreux, ça me désole et pourtant il y a tellement de groupes... Ca reviendra peut-être !
Les jeunes de maintenant fonctionnent souvent en vase clos et si de suite il n’y a pas un « ouais c’est génial ce que tu fais « s’il n’y a pas de résultat immédiat ça coince. 
Au début du Cafzic il y avait plus de zines mais selon les anciens c’était quand même la misère 96 ça sentait déjà le roussis. 
Je rajouterais que quand on débute un zine il faut aussi être capable de se la jouer modeste, de commencer sur des bases simples, mise en page de débrouillard, découpages pourquoi pas, quelques écrits. Ne pas partir sur des envies de luxe, presque des envies de magazines, couleurs, etc... rester simple et continuer à rester simple. Les technologies actuelles font souvent croire qu’en deux temps trois mouvements tout va être parfait, que sans rien faire on accèdera au top pour avoir la reconnaissance. 
Me concernant le plus valorisant c’est le simple fait de se bouger le cul et de faire soi-même le maximum, c’est encore plus important que l’objet en lui-même mais est-ce que tout le monde partage cette idée ? Si l’unique objectif est la perfection et la
reconnaissance alors il ne peut y avoir de continuité, la fatigue, le sentiment d’impuissance prennent le dessus très rapidement.

5) Comment prépares-tu un numéro, comment choisis-tu les groupes qui y figureront ?
Alors maintenant tout s’est simplifié pour moi. Je mets de côté le numéro allant avec la compil c’est un cas particulier. Pour le reste avec l’intensification de mon travail en radio, donc l’émission Electric Troubles et cette envie d’aller à la rencontre des gens, donc de faire des interviews j’ai 3/4 interviews par mois donc la matière est là. Chaque groupe interviewé l’est parce que son disque m’a plu, parce que son histoire me plait, les labels c’est pareil et pour les autres interviews aussi. J’en mets dans un zine souvent la moitié de ce que j’ai en stock. 
Pour les chroniques il faut savoir que les disques n’arrivent plus vraiment spontanément comme avant, beaucoup moins de support physique. Beaucoup d’infos, bref 99% passent par le net, facebook donc faut consulter les flyers, les événements, noter ce qui peut me plaire, aller voir sur les sites, les bandcamp, noter les
mails, les facebook, contacter les individus pour leur dire que ça nous intéresse. On leur glisse quelques infos nous concernant évidemment. C’est un travail de fourmi mais qui au final n’est pas chiant quand on recherche comme c’est le cas pour moi l’échange et le partage oui je sais je l’ai déjà dit mais ce n’est pas pour rien ! ! !
Pour les illustrations je lance une thématique et je demande aux illustrateurs s’ils sont intéressés, c’est tout simple parce que j’ai déjà au préalable effectué le même travail de recherche.

6) Cafzic n’est pas seulement un fanzine, puisque tu organises aussi des concerts, tu sors des compiles, une radio. Raconte-nous un peu tout ça ?
Alors là c’est particulier... Quelques précisions... Concernant les compils il y en a eu deux. La première c’est faite par hasard et uniquement grâce au concours de Philippe de Fraggle Rock (VPC de disques), un vrai bon gars du Gers qui un jour lors d’une fiesta Cafzic m’a dit : « tiens Yan j’aimerais faire un cadeau au Cafzic... ». Surprise pour moi ! Je me suis demandé s’il allait m’offrir un 45t collector de la Souris dont il est fan et en fait non ce fut une compilation... Ce jour fut un grand jour pour moi et je ne dis pas ça pour la compil. Humainement que quelqu’un ait cette idée et au travers de ça montre un vrai intérêt pour l’histoire du Cafzic ça m’a profondément touché et j’en ai souvent encore les larmes aux yeux qu’en j’y pense, je suis un peu comme ça.
Il a posé deux groupes dont LSD (la classe quand même) et moi j’ai rajouté le reste dont les Thugs après avoir contacté Eric Sourice. Cette compil est sortie avec un Cafzic classique, pas mal de morceaux originaux et que des groupes que j’aimais et que j’ai donc contactés. Chester avait fait le visuel de la compil. 
Pour la deuxième, toute récente c’est venu d’un projet de départ particulier. Je voulais fêter les festivals punks de Mont de Marsan de 76 & 77 j’ai donc voulu faire un zine là dessus et compléter par des projets annexes donc une expo proposant à des illustrateurs de réinventer l’affiche de 77 et la création d’une compilation. 
Le zine réalisé est en fait une réédition d’un zine de 77 traitant des 2 festivals et la compil a pu se réaliser avec plusieurs labels Kicking, Slow Death, Anarchino, Smalltones, Dirty Witch, La Distroy, DV’S Records, Chanmax Records, Some Produkt, le zine Cafzic et les Ramoneurs de Menhirs auxquels se sont rajoutés 35 souscripteurs via un site de financement participatif. Tu imagines ? Tout ce monde qui acceptent de participer ? ? ? Encore un énorme frisson !
80% des titres de la compil sont des versions toutes récentes, des covers de groupes punks ou assimilés ayant traversés la période 77-80. Grosse et belle compil, à mon humble avis, très réussie, équilibrée et de qualité. J’en suis vraiment fier, les compils sont parfois bancales et inégales là ce n’est pas le cas.
Pour ce qui est de la radio, après une première émission en 1987-88 puis une deuxième début des années 2000 avec au début Rémi des Hurlements d’Léo, j’ai recommencé il y a 4 ans avec cette fois Seb (Loisirs, Seven Hate, etc...). Il a rapidement lâché l’affaire faute de temps donc j’ai continué seul et depuis deux ans j’axe vraiment le truc sur des interviews. Je suis ainsi plus en contact avec les groupes directement et c’est mieux, ça me booste. J’aime ça et surtout c’est une manière de tout remettre en cause à chaque fois, de s’adapter. Je contacte comme je disais précédemment les groupes que j’aime et d’autres personnes qui ont toujours un truc à dire sur un sujet qui m’intéresse, globalement toujours rock’n roll…

Pour les autres concerts, j’en ai eu fait dans des bars, Sonic Angels, Simon Chainsaw, Flying Over, Los Di Maggios, Golden Helmets, Arno de Cea, The Irradiates mais les conditions sonores étaient telles et les lieux si inadaptés qu’il valait mieux arrêter. Tout le monde doit s’y retrouver, ce n’était pas le cas et je suis trop respectueux des zicos, des « accueillants »et du public pour continuer dans cette voie.
Tous les concerts au Cafémusic dont j’ai assuré les choix de programmation ce sont fait dans le cadre d’anniversaire du zine qui ne l’oublions pas est une émanation du Cafémusic. J’adore ces moments où je me retrouve presque sélectionneur de l’équipe de France de foot arf ! ! ! Dans ce cadre là j’ai pu faire jouer Dirty Fonzy, Dead Pop Club, Kevin K, 64 Dollar Question, Firecrackers, Cowboys from Outerspace, Spudgun, Sweat Baby Sweat, Tiny Terrors, Bananas At The Audience, Dani Llamas, Spudgun etc...et tout récemment donc les Boulenvrac, Flying Over, Cannibal Mosquitos et les Clashe. J’adore ça...et là les conditions sonores et d’accueil sont au top.
J’organise aussi des concerts à la maison dans notre salon, petite configuration, confinée, entre 20 et 35 personnes en moyenne, acoustique. Un principe vraiment sympa avec essentiellement des mecs issus de la scène punk rock. Sont ainsi passés Dani Llamas de Gas Drummers, Forest Pooky, Billy The Kill, Old Seed un canadien, Tim Vantol (c’était dans le jardin sous un magnifique soleil) et il y a peu M Fallan & Plexus. Ils dorment à la maison, mangent à la maison, on discute le bout de gras, mes enfants sont contents, des moments vrais et qui relancent la machine pour des mois ! ! ! 
Enfin comme je suis infirmier dans une structure pour ado en difficulté psy et scolarisés j’ai, avec l’équipe d’animation organisé quelques sets, ateliers, interviews à mon taf. Les jeunes ont ainsi pu rencontrer Forest Pooky, The Irradiates, en février Forest revient et en mai ce sera les Cannibal Mosquitos. Echanges toujours sympas, des moments simples et une bonne manière de proposer à des jeunes pas toujours sensibilisés une musique sortant d’ailleurs que les centres commerciaux.

7) Comment vois-tu l’évolution de Cafzic ?
L’évolution du Cafzic ? Je n’en sais fichtre rien, je ne raisonne pas sur le long terme puisque j’ai à chaque fois le projet du prochain numéro. Je ne me vois pas arrêter mais peut-être qu’un jour le Cafémusic souhaitera stopper la version papier, on verra bien mais je trouverais toujours une alternative. Ca fait 17 ans que je fais le Cafzic, je peux donc difficilement imaginer l’arrêter, j’ai passé 1/3 de ma vie à le créer et le faire perdurer, il y a des choses plus importantes dans la vie j’en suis conscient mais je sais aussi que là on a attrait au plaisir et que c’est ce qui donne du piment à la vie, je veux donc continuer. 
Pour ce qui est de l’évolution de la forme du Cafzic, les limites financières font que ça ne bougera pas vraiment et en termes de pagination je ne vais pas me lancer dans des supers logiciels parce que je risque de m’y perdre et qu’en plus je ne vois pas l’intérêt. Un fanzine reste un fanzine, mon rêve serait une belle couv’ en couleur comme Rock Hardi et une impression chez un imprimeur mais pour cela il faut de l’argent or moi la gratuité du Cafzic j’y tiens ! ! ! C’est aussi une particularité du Cafzic...bon ceci étant je sais bien que s’il était payant personne le prendrait ! ! !
Voilà j’espère avoir répondu à tes questions...
Je renouvelle mon grand « merci « pour ton intérêt, longue vie à Paranoïa et tous tes futurs projets, nous avons besoin de ta présence et puis je ne vais pas le nier, sans toi pendant une période je sais que j’ai loupé plein de groupes ! ! ! Quand je lisais tes écrits j’avais toujours un stylo et un papier à côté, je faisais de même avec Punk Rawk, avec Abus Dangereux, etc...ça me manquait un peu tout ça ! ! !
A plooooooooooooooouch. YAN.

Propos recueillis par jean louis
Photos : D.R


Le fanzine est dispo en version papier pour 1,80 en timbres à CAFZIC 4 CALE DE LA MARINE - 40 000 MONT DE MARSAN.
Le CAFZIC a aussi son émission radio...ELECTRIC TROUBLES, chaque semaine une interview... Emission axée rock, punk rock, rock’n roll, pop...
Dispo sur RADIO MDM 101.1 FM (www.radio-mdm.fr) et sur la KICKING RADIO (www.kickingradio.com) les horaires sont indiqués sur les évènements qui suivent.

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